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plus dramatique : c’est un morceau de symphonie qu’on dirait volé à Beethoven. Les sons les plus étranges sont combinés et amenés avec beaucoup d’adresse, mais certainement n’ajoutent rien à l’expression des paroles passionnées que prononcent les personnages.

Pour arracher les suffrages des amateurs du style noble, qui, par tous pays, sont ceux qui sont le plus loin de la nature, Rossini annonce l’arrivée de Gianetto, par exemple, le soldat fils du fermier et amoureux de la servante, comme l’entrée de César ou d’Alexandre.

Du reste, cet opéra a le défaut des grands maîtres : les personnages sont toujours en scène. Madame Belloc ne quitte pas le théâtre ; les terribles accompagnements à l’allemande ne peuvent étouffer sa voix et encore moins celle de Galli. Dès que les accents admirables de ce grand acteur se font entendre, ils couvrent toutes les parties, orchestre comme chanteurs. Galli fait un père malheureux ; on retrouve l’acteur étonnant, qui a fait verser tant de larmes dans l’Agnese (c’est le caractère de Lear), et dans le prince hongrois de la Testa di bronzo. La jeune Galianis, avec sa belle voix de contralto, qui n’a que cinq ou six notes, mais d’une force et d’une