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qui est le sublime des efforts d’une belle voix, et que l’on prend en France pour le chant d’un commençant.

La musique est une peinture tendre ; un caractère parfaitement sec est hors de ses moyens. Comme la tendresse lui est inhérente, elle la porte partout, et c’est par cette fausseté que le tableau du monde qu’elle présente ravit les âmes tendres et déplaît tant aux autres. L’écueil du comique, c’est que les personnages qui nous font rire ne nous semblent secs, et n’attristent la partie tendre de l’âme : c’est ce qui, pour certaines gens, rend le charme d’un bon opéra buffa si supérieur à celui d’une bonne comédie ; c’est la réunion de plaisirs la plus étonnante. L’imagination et la tendresse sont actives à côté du rire le plus fou.

Le comte T*** de Brescia me fait remarquer qu’il y a bien moins d’amateurs de musique en Italie que je ne l’imaginais. Beaucoup d’âmes fortes disent que c’est un plaisir d’esclave, et sont pour la comédie et surtout pour la tragédie. Il ajoute : « Vous connaissez trop tôt les grands modèles ; chez vous l’émulation est réprimée par le désespoir. Remarquez que la plupart des auteurs originaux ont presque entièrement manqué d’éducation. On ne va loin que quand