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accorder seulement dix minutes, il le verrait sauver sa femme.

Les comédies de Goldoni en dialecte vénitien sont des peintures flamandes, c’est-à-dire, pleines de vérité et d’ignoble des mœurs du petit peuple de l’époque de volupté et de bonheur qui précéda l’anéantissement de la république. Les mœurs de la haute société auraient donné d’excellentes comédies : mais il fallait au peintre le génie de Collé dans la Vérité dans le vin, et la force sublime de d’Eglantine dans l’Orange de Malte. Un évêque voulant engager sa nièce à être la maîtresse d’un prince, tout en lui faisant des remontrances.

Je ne puis absolument pas conter l’anecdote du juif dans le lit pour ravoir les diamants ; de la jolie femme revenant de chez le patriarche, afin de sauver un malheureux injustement condamné, et trouvant son amant au sortir de sa gondole. L’excuse qu’elle lui fait est ce que j’ai vu de plus divin dans aucune anecdote ; c’est comme le doge Mocenigo prenant à part le jeune prince allemand Anch’a-mi. J’en sais une trentaine de ce genre ; c’est ce qu’il y a de plus fou, et jamais la moindre teinte d’odieux. On aperçoit dans tous les caractères, depuis la simple Fantesca jusqu’au doge, l’habitude des