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ROME, NAPLES ET FLORENCE

était sa fille, et qu’elle avait pour père le jeune peintre romain qu’on voyait chez elle. Ainsi se trouva expliquée la ravissante beauté de cette enfant, fruit de l’union contractée entre une fort jolie femme du Nord et l’un des plus beaux hommes du Midi. Peu de mois après le mariage d’Emma, les événements politiques forcèrent le prince de Santa Valle à quitter Naples. La jeune princesse vint à Rome où elle fut reçue magnifiquement par le fameux prince Antoine Borghèse, homme de mérite. Elle habitait depuis longtemps le palais Borghèse, lorsque le bruit de la mort de son mari se répandit à Rome. La jeune veuve se hâta de prendre le deuil ; et il y eut au monde deux cœurs heureux de plus. Emma aimait avec passion un jeune noble romain, mais jusque-là ne l’avait vu qu’en présence d’une vieille duègne de la maison Borghèse, qu’elle avait prise à son service aussitôt qu’elle se fut laissée aller à la faiblesse de recevoir son amant chez elle. À peine eut-elle pris le deuil, que le futur mariage du jeune Romain ne fut plus un secret dans la société. Après une année, la plus heureuse de la vie de la pauvre Emma, elle allait enfin épouser son amant, et le voir hors de la présence de la duègne, quand arriva la nouvelle qu’elle n’était pas veuve.