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ROME, NAPLES ET FLORENCE

sonnes agréées par son amant. Osez-vous demander la cause des refus d’une jolie femme ; elle répond avec simplicité : Il mio amico non lo vuole. — Domandate al mio amico.

Et il se trouve chaque année un ou deux Allemands qui ont la bonté d’aller demander à l’amico la permission de danser avec sa maîtresse.

Les jolies Romaines ont un tort grave : c’est celui de se moquer des Françaises, qui, à leur dire, ont plus de coquetterie que d’amour, et, après mille façons, finissent par arriver au même point. Je ne donne ceci que comme un exemple des jugements ridicules que les nations portent les unes sur les autres.

On demandait à une Romaine ce qu’elle ferait si son amant lui était infidèle ; cet amant était présent. Sans répondre, elle se lève, ouvre la porte, sort un instant, puis reparaît en tâtonnant, comme si elle s’avançait dans un lieu obscur. Chacun la regardait avec étonnement, quand on la vit, toujours avec la même pantomime, s’approcher de son ami, qui n’y concevait rien lui-même, et lui briser sur la poitrine son éventail qu’elle tenait à la main.

Ce fut là toute sa réponse. Que de jolies phrases une de nos femmes à la mode n’eût-elle pas débitées en pareille occasion !