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ROME, NAPLES ET FLORENCE

presque tout ce qu’il y a de mauvais dans le système triste des protestants et dans la manière voluptueuse de l’Italie.

Excepté parmi les personnes qui ont plus de quatre cent mille francs de rente ou une très-haute naissance, le lien conjugal est à peu près inviolable en Angleterre. À Rome, quand on célèbre un mariage dans une église, cette idée d’inviolabilité et de fidélité éternelle n’entre dans la tête de personne. Comme le mari sait cela d’avance, comme c’est une chose reçue et convenue, à moins qu’il ne soit épris lui-même, ce qui le placerait dans la situation d’un amant à l’égard de sa maîtresse, il ne s’inquiétera guère de la conduite de sa femme après les premières années.

Il est un pays, où le mariage n’est qu’une affaire de bourse ; les futurs ne se voient que quand les deux notaires sont bien d’accord sur les articles du contrat. Mais les maris n’en prétendent pas moins à toute l’inviolable fidélité qui se rencontre dans les mariages anglais, et à tous les plaisirs qu’offre la société italienne. On voit au bal en Angleterre que les jeunes filles se choisissent un époux.

Je vais dire des choses qui nuiront à mon livre ; j’ai besoin de courage ; je vais parler des mœurs romaines. Rome est