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ROME, NAPLES ET FLORENCE

tends de fort bonne musique ; je trouve des gens extrêmement savants, raisonnant fort bien, toutefois jusqu’à ce que le patriotisme les prenne à la gorge. Ici, tout ce qui a rapport à la musique est familier, comme à Paris les jugements sur Racine et Voltaire. Retiré dans un coin, je raisonnais, avec plaisir, avec un gros homme, qui m’a appris beaucoup de choses : c’est un tailleur enrichi. Ici on trouve beaucoup de jeunes gens fort gros.

15 août. J’assiste à la superbe cérémonie de Saint-Pierre : tout en est auguste, excepté la musique. Ce vénérable pontife, vêtu de soie blanche, porté sur le fauteuil que lui ont donné les Génois, et distribuant des bénédictions dans ce temple sublime, forme un des beaux spectacles que j’aie vus. J’étais sous un amphithéâtre construit en planches, à la droite du spectateur, et où se trouvaient deux cents dames. Il y avait deux Romaines, cinq Allemandes, et cent quatre-vingt-dix Anglaises. Dans le reste de l’église, personne, excepté une centaine de paysans d’un aspect horrible. Je fais, en Italie, un voyage en Angleterre. La plupart de ces dames étaient si émues de la beauté de la cérémonie, que leur cœur avait quelque peine à sentir le ridicule des chapons