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Davide, dans le rôle de Coucy, est un ténor divin[1].

J’ai revu le Sargines de Paër ; mademoiselle Chabran, des Florentins, donnait de l’esprit à Davide. Cette musique célèbre m’a assommé ici comme à Dresde. Le talent de Paër est comme celui de M. de Chateaubriand ; j’ai beau me mettre en expérience, je ne puis le sentir ; cela me semble toujours ridicule. M. de Chateaubriand m’impatiente : c’est un homme d’esprit qui me croit trop bête. M. Paër m’ennuie ; ses succès, très-réels, m’étonnent.

18 mars. — Ce soir, la troupe de San Carlo chantait l’Otello au théâtre del Fondo. J’ai distingué quelques jolis motifs dont je ne me doutais pas, entre autres le duo du premier acte entre les deux femmes.

Les grands théâtres, comme San Carlo et la Scala, sont l’abus de la civilisation et non sa perfection. Il faut forcer toutes les nuances : dès lors il n’y a plus de nuances. Il faudrait élever les jeunes chanteurs dans la plus parfaite chasteté, or désormais c’est ce qui est impossible : il fallait des

  1. Je trouve aujourd’hui des morceaux fort touchants dans cet opéra. Quand on a entendu Nina Vigano chanter certains airs de MM. Caraffa et Perruchini, on sait que ces messieurs ont inventé la chanson italienne. Voir il Travaso dell’ anima.