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pouvoir troubler la tendresse de la contessina Carolina, la mère de la duchesse, et du chevalier P***, les dénonce au mari, bon homme qui n’en croit rien ; mais de plus à deux filles charmantes et innocentes, de quinze à seize ans, les tendres amies de leur mère. Ces pauvres petites complotent de se faire religieuses : elles sont gênées avec leur mère, n’osent plus lui parler. Enfin, l’aînée tombe à ses pieds, fondant en larmes, et là lui dévoile toute la dénonciation du prince Corvi, et leur résolution d’aller au couvent, pour ne pas vivre avec une impie. — Position de cette mère, qui adore son amant, et qui a de l’honneur. Elle conserve assez de présence d’esprit pour nier. Cette anecdote, dont le récit prend vingt minutes, est peut-être ce que j’ai rencontré de plus touchant et de plus beau cette année. L’Italie est grande comme la main, tous les gens riches se connaissent d’une ville à l’autre ; sans cela, je conterais trente anecdotes, et supprimerais toutes les idées générales sur les mœurs : tout ce qui est vague, en ce genre, est faux. Le lecteur qui a voyagé de Paris à Saint-Cloud, et ne connaît que les mœurs de son pays, entend par les mots décence, vertu, duplicité, des choses matériellement différentes de celles que vous avez voulu désigner.