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chez l’aimable marquis Berio, avec une politesse parfaite, comme cinq cents étrangers l’ont été avant moi, comme deux cents seront reçus l’année prochaine. À quelques légères nuances près, c’est le ton des bonnes maisons de Paris. Il y a plus de vivacité et surtout plus de bruit ici ; souvent la conversation est tellement criarde, qu’elle me fait mal aux oreilles. Naples est la seule capitale de l’Italie ; toutes les autres grandes villes sont des Lyon renforcés.

23 février. — Je suis bien dupe, à mon âge, de m’être imaginé que, dans une entreprise publique, l’attention pût se porter à la fois sur deux objets. Si la salle est superbe, la musique doit être mauvaise ; si la musique est délicieuse, la salle sera pitoyable.

Le mérite d’avoir reconstruit cette salle est tout entier à un M. Barbaja : c’est un garçon de café milanais et fort bel homme qui en tenant les jeux a gagné des millions : il a bâti la salle sur les profits futurs de sa banque. Le vieux roi voulait madame Catalani : bonne inspiration ; il fallait y joindre Galli, Crivelli et Tachinardi ; mais M. Barbaja protège mademoiselle Colbran. Je-ne sais qui protège Nozari, que nous avons vu si bon à Paris dans le rôle de