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ficence, ni la solidité de Saint-Paul de Londres. Je dirai aux personnes nées avec un certain tact pour les beaux-arts : « Cette architecture brillante est du gothique sans l’idée de mort ; c’est la gaieté d’un cœur mélancolique ; et, comme cette architecture dépouillée de raison semble bâtie par le caprice, elle est d’accord avec les folles illusions de l’amour. Changez en pierre grise le marbre éclatant de blancheur, et toutes les idées de mort reparaissent. » Mais ces choses sont invisibles au vulgaire et l’irritent. En Italie, ce vulgaire est le petit nombre : il est l’immense majorité en France.

La façade demi-gothique du Dôme n’est pas belle, mais elle est bien jolie. Il faut la voir éclairée par la lumière rougeâtre du soleil couchant. On m’assure que le Dôme est, après Saint-Pierre, la plus vaste église du monde, sans excepter Sainte-Sophie.

Je suis allé me promener en sédiole à Marignan, le champ de gloire de François Ier, sur la route de Lodi. La sédiole est une chaise posée sur l’essieu qui réunit deux roues très-hautes. On fait trois lieues à l’heure. Au retour, vue admirable du Dôme de Milan, dont le marbre blanc, s’élevant au-dessus de toutes les maisons de la ville, se détache sur les Alpes de