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comme à la cour, et ne jamais rien blâmer de ce qui est italien.

3 novembre. — On fait d’immenses préparatifs pour la fête de demain, san Carlo, qui est, après ou avant la Madone, le véritable dieu des Milanais. On revêt de damas rouge la base des énormes piliers gothiques du Dôme. On accroche à trente pieds de haut une quantité de grands tableaux représentant les traits principaux de la vie de saint Charles. J’ai passé deux heures au milieu des ouvriers à écouter leurs propos. À chaque instant Napoléon est mêlé à saint Charles. Tous deux sont adorés.

Me trouvant disposé à voir des églises, je suis allé visiter la fameuse église de la Madone, près de la porte de San Celso. Cet édifice curieux rappelle la forme primitive des églises chrétiennes, fort oubliée maintenant. Il s’y trouvait, comme dans les théâtres actuels, cinq ou six sortes de places différentes, affectées aux diverses situations de l’âme des fidèles. J’ai admiré l’église, son petit portique intérieur et les quatre pendentifs peints à fresque par Appiani.

Au retour, j’ai vu les magnifiques colonnes antiques de San Lorenzo. Il y en a seize. Elles sont rangées sur une ligne