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comtesse Agosti, a été comptée parmi les douze plus jolies femmes du bal. On citait mesdames Litta, Rughetta, Ruga, Maïnoni, Ghirlanda de Varese, la comtesse C*** de Mantoue, et une belle Espagnole, madame Carmelita Lechi.

Les jeunes gens portent ici beaucoup de cheveux et des nœuds de cravate énormes. On reconnaît des gens accoutumés à voir de la peinture à fresque ordinairement colossale. M. Izimbardi m’a fait remarquer que les femmes de la haute noblesse affectent de parler du nez. J’ai entendu l’une d’elles dire d’une autre femme : A-t-elle du sang bleu ? ce qui veut dire : Est-elle vraiment noble ? et j’ai eu la sottise de rire aux éclats (sang bleu se prononce de même en milanais et en français).

On m’a présenté à M. Peregò, homme de génie ; c’est à lui que l’on doit les décorations du théâtre de la Scala que j’ai tant admirées. Il a dirigé certaines parties de l’ornement du magnifique Casin où j’ai passé sept heures avec tant de plaisir. C’est à ce bal aussi que j’ai été présenté à MM. Romagnosi et Tommaso Grossi. J’y ai vu Vincenzo Monti. La dévotion de M. Manzoni l’a, dit-on, empêché d’y paraître. Il traduit l’Indifférence de M. de Lamennais. À cela près, homme comparable à lord Byron pour le lyrique.