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engagés ailleurs). Le mot amore se prononce fort rarement ici. J’ai toutes les peines du monde à écrire en français les remarques que l’on m’a fait faire cette nuit. Nous n’avons réellement point d’équivalents pour toutes ces choses-là, dont on ne parle jamais en France, et qui, d’ailleurs, y sont probablement fort rares. Ici on ne parle d’autre chose ; aussi, quand la conversation périt en Italie, ce n’est pas par ennui, mais par prudence.

Les Italiens aiment fort peu la danse. Dès une heure du matin, on ne voyait plus danser que les étrangers ou les gens sans affaires. Trois ou quatre beaux officiers allemands, bien blonds, valsent toujours, on a d’abord admiré leur bonne grâce, et l’on finit par se moquer de leurs figures rouges et de la peine di fachino (de portefaix) qu’ils se donnent. Ces pauvres jeunes gens, qui ne sont reçus que dans quelques maisons fort ultra et ennuyeuses, affichent ainsi leur bonne mine pour tâcher de faire fortune. Le lendemain, on les voit, fixes comme des termes, au parterre de la Scala ; ils regarderont quatre heures de suite une jolie femme avec laquelle ils ont dansé ; ils se présentent à elle le dimanche à l’église ; chaque soir, au Corso, ils caracolent à cheval auprès de sa portière.

Une Française bien jolie, madame la