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attention, n’a pas paru, je puis le jurer, sur cette belle figure.

« Mais vos maris sont donc jaloux ? » disais-je à M. Cavaletti, ancien écuyer de Napoléon. « Tout au plus pendant les deux premières années du mariage, me répond-il ; mais cela est fort rare. C’est un beau métier que d’être jaloux quand on n’est pas amoureux ! Être jaloux de sa maîtresse, passe. »

Grâce à cet ancien ami et à deux ou trois personnes auxquelles il a présenté un Français qui n’est ici que pour trois semaines, et devant lequel on peut tout dire, c’étaient ses termes, bientôt ce bal n’a plus été pour moi insignifiant comme un bal masqué. J’ai connu les noms et les intérêts.

Vers minuit, la revue de toutes les toilettes étant finie, (elles étaient plus magnifiques qu’élégantes), la froide et dédaigneuse vanité a été remplacée peu à peu sur les physionomies par un intérêt plus agréable à voir. Le ridicule, pour une jolie femme, en ce pays-ci, c’est de ne pas avoir de tendre engagement. Ces liaisons durent huit ou dix ans, souvent toute la vie. Tout cela m’a été conté presque aussi clairement que je l’écris, par madame M***. Quand une jeune femme passe, au bout d’un an de mariage, pour n’être pas amou-