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noble et sombre qui fait songer au bonheur des passions bien plus qu’aux plaisirs. passagers d’une galanterie vive et gaie. La beauté n’est jamais, ce me semble, qu’une promesse de bonheur.

Malgré la tristesse sévère, nécessitée par l’orgueil tracassier et grognon des maris anglais, et la sévérité de la terrible loi nommée Improper, le genre de beauté des Anglaises est beaucoup plus d’accord avec le bal[1]. Une fraîcheur sans égale et le sourire de l’enfance animent leurs beaux traits qui ne font jamais peur, et semblent promettre d’avance de reconnaître un maître absolu dans l’homme qu’elles aimeront. Mais tant de soumission laisse concevoir la possibilité de l’ennui, tandis que le feu des yeux italiens détruit à jamais jusqu’à la moindre idée de ce grand ennemi de l’amour heureux. Il me semble qu’en Italie, même auprès d’une demoiselle payée, l’on ne doit pas craindre l’ennui. Le caprice veille pour écarter le monstre.

Les figures d’hommes du bal de cette nuit auraient offert des modèles magnifiques à un sculpteur comme Daneker ou Chantrey, qui fait des bustes. Mais un peintre en eût été moins content. Ces yeux

  1. Miss Bathurst, Rome, 1824.