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qui sert de Corso. Jamais l’on ne manque ni le Corso ni le théâtre.

Les nobles Lombards ne mangent guère que le tiers de leur revenu ; ils en dépensaient le double avant la révolution de 1796. Deux ou trois ont vu le feu sous Napoléon. Leurs mœurs sont décrites avec vérité dans les petites pièces de vers de Carline Porta, en milanais.

Le 28 octobre 1816, à 5 heures du matin, en sortant du bal.

Je pars dans quatre heures pour Dèsio, que je veux revoir à loisir. Si je n’écris en ce moment, je n’écrirai pas. Je cherche à me calmer et à ne pas écrire une ode qui me semblerait ridicule dans trois jours. Mes papiers peuvent être saisis par la police autrichienne, je n’écrirai donc rien sur les intrigues secrètes qui sont de notoriété publique, et que mes amis m’ont fait remarquer. Je serais au désespoir de manquer à cette charmante société italienne, qui daigne parler devant moi comme devant un ami. La police autrichienne ignore tout ce qu’elle ne trouve pas écrit. Il y a de la modération dans cette idée.

Je sors du casin de San Paolo. De ma vie je n’ai vu la réunion d’aussi belles femmes ; leur beauté fait baisser les yeux. Pour un Français, elle a un caractère