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La femme d’un riche banquier, madame Bignami, refusa, dit-on, d’être dame du palais, parce qu’on voyait que le prince Eugène, véritable marquis français, beau, brave et fat, ne prisait que la noblesse, et aristocratisait constamment les mesures de son beau-père. L’honnête maréchal Davoust eût convenu à ce pays pour vice-roi. Il avait la prudence italienne.

L’architecture me semble plus vivante en Italie que la peinture ou la sculpture. Un banquier milanais sera avare cinquante années de sa vie, pour finir par bâtir une maison dont la façade lui coûtera cent mille francs de plus que si elle était un simple mur. La secrète ambition de tous les citoyens de Milan, c’est de bâtir une maison, ou du moins de renouveler la façade de celle qu’ils tiennent de leur père.

Il faut savoir que l’architecture fut pitoyable vers 1778, quand Pier Marini construisait le théâtre de la Scala, qui est un modèle pour les agréments de l’intérieur, mais non certes pour ses deux façades. On se rapproche maintenant de la simplicité antique. Les Milanais ont trouvé une certaine proportion, remplie de grâce, entre les pleins et les vides de la façade d’une maison. L’on cite deux architectes, M. le marquis Cagnola, qui a fait la porte