Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le temps a noircies. La façade n’est point un mur plat, comme celle des maisons de Paris. Il y a un ordre étrusque au rez-de-chaussée, et au premier étage des pilastres. C’est un peu comme ce qu’on appelle à Paris le palais de la Chambre des pairs. En faisant gratter le palais de cette Chambre, on a ôté à l’architecture tout le charme des souvenirs, ce qui est adroit pour une Chambre aristocratique. S’il avait pu passer par la tête des négociants de Milan de faire un tel outrage à leur casin de San Paolo, les bottiers et les menuisiers qui ont leurs boutiques dans cette rue, l’une des plus passagères de la ville, en eussent fait des gorges chaudes.

Il y a ici une commission di ornato (de l’ornement) ; quatre ou cinq citoyens connus par leur amour pour les beaux-arts, et deux architectes, composent cette commission, qui exerce ses fonctions gratuitement. Toutes les fois qu’un propriétaire touche au mur de face de sa maison, il est tenu de communiquer son plan à la municipalité qui le transmet à la commission di ornato. Elle donne son avis. Si le propriétaire veut faire exécuter quelque chose de par trop laid[1], les membres de la

  1. Par exemple, la façade en bois peint en bronze, derrière les colonnes du théâtre Favart. (Note ajoutée en 1826.)