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Catalani est toujours le même : c’est une suite de broderies, et la plupart de mauvais goût. Elle n’a trouvé que de mauvais maîtres hors de l’Italie.

Voilà ce qu’on disait autour de moi. Tout cela est vrai, mais de notre vie peut-être nous n’entendrons rien d’approchant. Elle fait la gamme ascendante et descendante par semi-tons, mieux que Marchesi, que l’on me fait voir au concert. Il n’est point trop vieux ; il est fort riche, et chante encore quelquefois devant ses amis intimes ; c’est comme son rival Pacchiarotti à Padoue. Marchesi a eu des aventures fort agréables dans sa jeunesse.

On m’a conté ce soir l’anecdote singulière d’un homme fort respectable de ce pays-ci, qui a le malheur d’avoir la voix très-claire. Un soir qu’il entrait chez une femme aussi célèbre par sa petite vanité que par ses immenses richesses, l’homme à la voix claire est accueilli par une volée de coups de bâton ; plus il crie du haut de sa tête et appelle au secours, plus les coups de canne redoublent d’énergie. « Ah ! scélérat de soprano, lui crie-t-on, je t’apprendrai à faire le galant ! » Notez que c’était un prêtre qui parlait ainsi, et qui vengeait les injures fraternelles sur les épaules de notre citoyen qu’il prenait pour Marchesi. Le soprano,