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gieuses pour l’embellissement de la ville. Par exemple, l’on peut passer près des maisons quand il pleut ; des conduits de fer-blanc amènent les eaux des toits dans le canal qui passe sous chaque rue. Comme les corniches sont fort saillantes, ainsi que les balcons, on est presque à l’abri de la pluie, en marchant le long des maisons.

Le lecteur se moquerait de mon enthousiasme, si j’avais la bonhomie de lui communiquer tout ce que j’écrivis, le 4 octobre 1816, en revenant de Dèsio. Cette charmante villa appartient au marquis Cusani qui, sous Napoléon, voulut rivaliser de luxe avec le duc Litta.

Galli est enrhumé. On nous redonne un opéra de Mayer, Elena, qu’on jouait avant la Testa di bronzo. Comme il paraît languissant !

Quels transports au sestetto du second acte ! Voilà cette musique de nocturne, douce, attendrissante, vraie musique de la mélancolie, que j’ai souvent entendue en Bohême. Ceci est un morceau de génie que le vieux Mayer a gardé depuis sa jeunesse, ou qu’il a pillé quelque part ; il a soutenu tout l’opéra. Voilà un peuple né pour le beau : un opéra de deux heures est soutenu par un moment délicieux qui dure à peine six minutes ; on vient de cinquante milles de distance pour entendre