Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Louis XIV prirent le goût des jardins comme Versailles et les Tuileries, où l’architecture est mêlée aux arbres.

Au Gernietto, villa du fameux dévot Mellerio, il y a des statues de Canova. J’ai revu Dèsio, simple jardin anglais, au nord de Milan, et qui me semble l’emporter sur tous les autres. On voit de près les montagnes et le Rezegon di Lek (la Scie de Lecco). L’air y est plus sain et plus vif qu’à Milan. Napoléon avait ordonné que les rizières et les prés marciti (arrosés constamment, on les fauche huit fois par an) seraient éloignés à cinq milles de Milan. Mais il avait accordé un délai aux propriétaires pour le changement de culture. Comme on trouve un avantage immense à cultiver le riz, les propriétaires ont graissé la patte à la police, et au couchant de Milan, vers la porte Vercellina, j’ai vu des rizières à une portée de canon de la ville. Quant aux voleurs, on les rencontre à une portée de fusil presque chaque soir. La police est comme celle de Paris, elle ne songe qu’à la politique, et du reste fait tondre barbarement les arbres plantés par Napoléon, pour avoir le bénéfice des fagots.

Mais enfin, comme les espions eux-mêmes ont le goût italien, cette police a forcé les citoyens à faire des choses prodi-