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la chartreuse de Carignano, avec les peintures à fresques de Daniel Crespi, fort bon peintre qui avait vu les Carrache et senti le Corrège. J’ai vu Castelazzo. J’ai été fort mécontent d’un château de Montebello, célèbre par le séjour que Bonaparte y fit en 1797. D’après le principe major e longinquo reverentia, dès ce temps-là Bonaparte ne voulait pas habiter les villes et se prodiguer. Leinate, jardin rempli d’architecture, appartenant à M. le duc Litta, m’a plu. Ce courtisan de Napoléon n’a point fait la girouette depuis 1814, il a bravé courageusement les Tedeschi. Notez que Napoléon l’avait fait grand chambellan sans qu’il le demandât. M. le duc Litta a fait un livre, tiré à un exemplaire, qu’il a le projet de brûler avant sa mort. Il a, dit-on, sept à huit cent mille livres de rente. J’ai vu de loin, dans une allée de Leinate, la femme de son neveu le duchino ; c’est une des douze plus jolies femmes de Milan. Je lui trouve l’air dédaigneux des anciens portraits espagnols. Il faut bien se garder de se promener seul à Leinate ; ce jardin est plein de jets d’eau destinés à mouiller les spectateurs. En posant le pied sur la première marche d’un certain escalier, six jets d’eau me sont partis entre les jambes.

C’est en Italie que les architectes de