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me sera impossible de ne pas approcher Gina avec respect ; mon cœur battra comme si je n’avais que vingt ans. Or, voilà ce qui ne m’arrive plus à Paris.

Si je l’avais osé, j’aurais sauté au cou de l’ami qui venait de me conter cette anecdote. J’ai fait durer le récit plus d’une heure. Il m’est impossible de n’être pas tendrement attaché à cet ami.

2 octobre. — Ce petit Solliva a la figure chétive d’un homme de génie. Je m’expose beaucoup ; il faut voir son second ouvrage. Si l’imitation de Mozart augmente, si la vie dramatique diminue, c’est un homme qui n’avait dans le cœur qu’un opéra, accident fort commun dans le talent musical. Un jeune compositeur donne deux ou trois opéras, après quoi il se répète et n’est plus que médiocre : voyez Berton en France.

Galli, beau jeune homme de trente ans, est sans doute le meilleur soutien de la Testa di bronzo ; on lui préfère presque Remorini (le ministre), belle basse aussi, et qui a une voix très-flexible, très travaillée, chose rare dans les basses ; mais ce n’est qu’un bel instrument, toujours le même et presque sans âme. Un cri partant du cœur, o fortunato istante ! dont la musique n’a pas vingt mesures, a fait sa