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fort élevé. À une heure et demie, elle arrive chez son amant, déguisée en homme. Transports de Malaspina ; il n’était triste de mourir que parce qu’il ne pouvait espérer de la voir encore une fois. « Mais ne reviens plus, ma chère Gina, lui dit-il quand elle s’est résolue à partir, vers les trois heures du matin ; mon portier est payé par Zilietti ; je suis pauvre, tu n’as rien non plus ; tu as l’habitude de la grande opulence, je mourrais désespéré si je te faisais rompre avec Zilietti. »

« Gina s’arrache de ses bras ; le lendemain, à deux heures du matin, elle frappe à la fenêtre de son amant qui est aussi au premier étage et donne sur un de ces grands balcons en pierre si communs en ce pays ; mais elle le trouve dans le délire et ne parlant que de Gina et de sa passion pour elle. Gina, sortie de chez elle par la fenêtre, et avec le secours d’une échelle de corde, était montée chez son amant, aussi par une échelle de corde. Cette expédition a eu lieu treize nuits de suite, tant qu’a duré le danger de Malaspina. »

Rien au monde ne semblerait plus ridicule aux femmes de Paris ; et moi, qui ai l’audace de raconter une telle équipée, je m’expose à partager le ridicule. Je ne prétends pas approuver de telles mœurs ; mais je suis attendri, exalté ; demain, il