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de l’inconséquence. Voyez la brise charmante et voluptueuse qui règne dans l’atmosphère, aujourd’hui 1er octobre : voulez-vous qu’on s’expose à se faire exiler dans les neiges de Munich ou de Berlin, parmi des gens tristes, qui ne songent qu’à leurs cordons et à leurs seize quartiers ? Notre climat est notre trésor. »

L’Italie n’aura de littérature qu’après les deux chambres ; jusque-là, tout ce qu’on y fait n’est que de la fausse culture, de la littérature d’académie. Un homme de génie peut percer au milieu de la platitude générale ; mais Alfieri travaille à l’aveugle, il n’a point de véritable public à espérer. Tout ce qui hait la tyrannie le porte aux nues ; tout ce qui vit de la tyrannie l’exècre et le calomnie. L’ignorance, la paresse et la volupté sont telles, parmi les jeunes Italiens, qu’il faut un long siècle avant que l’Italie soit à la hauteur des deux chambres. Napoléon l’y menait, peut-être sans le savoir. Il avait déjà rendu la bravoure personnelle à la Lombardie et à la Romagne. La bataille de Raab, en 1809, fut gagnée par des Italiens.

Laissons les sujets tristes ; parlons musique : c’est le seul art qui vive encore en Italie. Excepté un homme unique, vous trouverez ici des peintres et, des sculpteurs comme il y en a à Paris et à Londres ; des