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pour la vivacité d’action de ses personnages. Solliva est excellent pour la vie dramatique. Il y a peu de chant dans son ouvrage ; l’air de Bonoldi, au premier acte, ne vaut rien ; Solliva triomphe dans les morceaux d’ensemble et dans les récitatifs obligés, peignant le caractère. Aucune parole ne peut rendre l’entrée de Galli, disputant avec son ministre, au premier acte. Les yeux, éblouis de tant de luxe, les oreilles, frappées de ces sons si mâles et si bien dans la nature, attachent tout de suite l’âme au spectacle : c’est, là le sublime. Les meilleures tragédies sont bien froides auprès de cela. Solliva, comme le Corrége, connaît le prix de l’espace ; sa musique ne languit pas deux secondes, il syncope tout ce que l’oreille prévoit ; il serre, il entasse les idées. Cela est beau comme les plus vives symphonies de Haydn.

1er octobre. — J’apprends que la Testa di bronzo est un de nos mélodrames. Méprisé à Paris, la musique en a fait un chef-d’œuvre à Milan. Elle a donné de la délicatesse et de la profondeur aux sentiments. « Mais pourquoi, disais-je à M. Porta, aucun poëte italien n’invente-t-il les canevas chargés de situations frappantes qu’il faut pour la musique ? — Penser, ici, est un péril ; écrire, le comble