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tion de Mozart ; qu’on juge dans le premier ouvrage d’un jeune homme ! M. Solliva, élève du Conservatoire fondé ici par le prince Eugène, a vingt-cinq ans. Sa musique est la plus ferme, la plus enflammée, la plus dramatique que j’aie entendue depuis longtemps. Il n’y a pas un moment de langueur. Est-ce un homme de génie ou un simple plagiaire ? On vient de donner à Milan, coup sur coup, deux ou trois opéras de Mozart, qui commence à percer en ce pays ; et la musique de Solliva rappelle à tout moment Mozart. Est-ce un centon bien fait ? est-ce une œuvre de génie ?

28 septembre. — C’est une œuvre de génie : il y a là une chaleur, une vie dramatique, une fermeté dans tous les effets, qui décidément ne sont pas du style de Mozart. Mais Solliva est un jeune homme transporté d’admiration pour Mozart, il a pris sa couleur. Si l’auteur à la mode eût été Cimarosa, il eût semblé un nouveau Cimarosa.

Dugazon me disait, à Paris, que tous les jeunes gens qui se présentaient chez lui pour apprendre à déclamer étaient de petits Talma. Il fallait six mois pour leur faire dépouiller le grand acteur, et voir s’ils avaient quelque chose en propre.

Le Tintoret est le premier des peintres