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ce que l’imagination la plus orientale peut rêver de plus singulier, de plus frappant, de plus riche en beautés d’architecture, tout ce que l’on peut se représenter en draperies brillantes, en personnages qui non-seulement ont les habits, mais la physionomie, mais les gestes des pays où se passe l’action, je l’ai vu ce soir.

25 septembre. — Je cours à ce premier théâtre du monde : l’on donnait encore la Testa di bronzo. J’ai eu tout le temps d’admirer. La scène se passe en Hongrie ; jamais prince hongrois ne fut plus fier, plus brusque, plus généreux, plus militaire que Galli. C’est un des meilleurs acteurs que j’aie rencontrés ; c’est la plus belle voix de basse que j’aie jamais entendue ; elle fait retentir jusqu’aux corridors de cet immense théâtre[1].

Quelle science du coloris dans la manière dont les habillements sont distribués ! J’ai vu les plus beaux tableaux de Paul Véronèse. À côté de Galli, prince hongrois, en costume national, l’habit de houzard le plus brillant, blanc, rouge et or, son premier ministre est couvert de velours noir, n’ayant d’autre ornement brillant

  1. Il n’est guère probable que ce qu’on disait des voix en 1816 se trouve encore vrai dix ans plus tard. (Note ajoutée en 1826.)