Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas vendu quarante exemplaires de ce livre, et je puis dire comme des Poésies sacrées de Pompignan : Sacrées elles sont, car personne n’y touche…

J’ai l’honneur d’être, etc.

F. Mongie, l’aîné,
libraire.

Mes ouvrages dussent-ils rester sacrés, comme le dit élégamment M. Mongie, cette circonstance funeste me semble moins humiliante que la nécessité d’aller dans le bureau du Constitutionnel solliciter un article. Je sais bien qu’en suivant ma méthode, l’on n’arrive guère à ce qu’on appelle ici de la gloire. Mais, si je voulais solliciter, j’irais à Rome demander une place de monsignore : c’est en vérité la seule que je désire. Malgré tout ce que le vulgaire dit et imprime sur l’Italie, un homme qui joue la comédie est aussi rare dans la société à Rome ou à Milan qu’un homme naturel et simple à Paris. Mais, dit-on, à Rome, on ne dit pas de mal de la religion : c’est comme ici un homme bien né ne prononce pas des mots grossiers dans un salon.

Vous croyez que l’Italien est un hypocrite consommé, toujours dissimulant, et c’est l’être le plus naturel de l’Europe et