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en reviennent mourant d’ennui, sans avoir adressé la parole à trois femmes de la société, et le plus beau moment de leur voyage est celui de leur rentrée au café Tortoni. »

Je n’ai pas changé vingt lignes à ces notes telles qu’elles furent écrites en 1817. J’étais heureux alors, et je ne respecte rien au monde comme le bonheur. Je ne ferai point d’excuses au public de lui présenter un mauvais livre. Après les deux pages que je viens d’écrire, le lecteur le plus étranger à ma manière de sentir doit savoir à quoi s’en tenir. Si ce livre ennuie, on ne le lira pas ; on voit bien que c’est comme s’il n’existait pas. Il y aurait tromperie, si j’avais des amis parmi les gens de lettres qui disposent des journaux. Mais jamais l’on ne m’a fait le plus petit article. Le libraire qui vend un volume intitulé l’Amour m’écrit la lettre suivante, que je reçois comme je corrige l’épreuve de cette page :

Paris, 3 avril 1824.

Monsieur,

Je désirerais bien être arrivé au moment où je devrais vous faire compte des bénéfices que j’espérais avoir sur votre ouvrage de l’Amour, mais je commence à croire que cette époque n’arrivera pas, je n’ai