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Dans cette troisième édition, je présente au public mon livre de notes à peu près complet ; en 1817, la prudence m’avait obligé à ne pas imprimer beaucoup de choses fort innocentes, et fort peu remarquables assurément, mais qui pouvaient nuire en Italie à des personnes qui m’étaient chères. Ces motifs n’existent plus. La société où l’on s’amuse, la société à la mode, change si fort en sept ans !

Quel intérêt peut présenter aujourd’hui un portrait de l’Italie telle qu’elle était en 1817 ? — C’est la réponse que j’ai faite aux personnes qui avaient la bonté de m’engager à donner une nouvelle édition. « Tous les voyageurs ne peignent que les choses de l’Italie, les monuments, les sites, les aspects sublimes qu’y présente la nature. Vous, m’a-t-on dit, vous esquissez tant bien que mal les mœurs des habitants, la société italienne, cet ensemble d’habitudes singulières d’amour, de volupté, de solitude, de franchise, etc., qui laisse encore quelquefois échapper des grands hommes, un Canova, un Rossini. Tandis qu’en Angleterre et en France, l’affectation indispensable pour le succès et la considération change tous les artistes en poupées. La plupart des voyageurs français qui vont à Rome pour jouir de la belle Italie et se donner une année de délices,