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Je ne trouve pas en Italie de femmes qui aient habituellement de l’humeur, comme j’en ai vu dans le Nord, et, par exemple, à Genève[1]. Ici le plupart des femmes suivent le système de conduite qu’elles croient sincèrement le chemin du bonheur. Voilà une phrase bien ridicule ; elle dit une fausseté. On voit qu’elle est écrite par un homme du Nord, je la laisse comme exemple du danger que je côtoie sans cesse, une Italienne est bien loin de suivre un système de conduite. Ce mot sent d’une lieue le pays protestant et triste. Qu’elle ait un amant ou qu’elle n’en ait pas, une femme de ce pays, depuis seize ans jusqu’à cinquante, est la proie de huit ou dix idées dominantes qui durent chacune dix-huit mois ou deux ans. Ces passions la subjuguent, l’occupent entièrement et l’empêchent de sentir que la vie s’écoule. Une femme qui aurait habituellement de l’humeur ne verrait personne autour d’elle, de quelque fortune qu’elle pût disposer par son testament. Elle n’aurait tout au plus que des prêtres qui viendraient pour dîner. Dix-huit fois sur vingt, quand vous dites à un Italien : « Pourquoi n’allez-vous

    Les livres italiens imprimés en Italie voyagent par le roulage, dans une caisse à part, et jusqu’ici on ne les a pas arrêtés.

  1. Primfaced women.