Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable dans le pays de la vanité ; ici cette indiscrétion le perd ; je ne trouve pas de mot bolonais pour traduire fat. Ici les fats sont, comme parmi les paysans de tous les pays, de beaux garçons, fiers de la figure que le ciel leur a donnée, et qui, à l’approche d’une jolie femme, relèvent la tête et marchent fièrement. Les femmes parlent avec beaucoup de candeur de l’amour et du genre de beauté qui leur plaît. Un de ces beaux jeunes gens approche-t-il du groupe, à l’instant elle deviennent de la plus haute réserve, tant l’instinct féminin sent le prix de la moindre familiarité. Il ne faut pas se figurer que rien soit donné à l’étourdie, et par abandon, mille fois moins qu’en France. On sent le prix extrême du peu que l’on accorde.

Cette réserve subite m’a semblé quelquefois presque indécente. Au milieu d’une discussion où l’on semblait oublier la différence des sexes, elle avertit que c’est l’idée dominante.

L’Italien le moins galant, un savant de quarante ans, sent ici, comme par instinct, comment il est avec une jeune fille de dix-huit ans à laquelle il n’a pas parlé dix fois.

J’ai observé chez les trois ou quatre jolis garçons faisant fonction de fat à Bologne, que les petits soins de la mise