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reuses qui ont vu les pays étrangers ou lu des voyages. Et encore ces âmes délicates, arrivées au fait et au prendre, s’amusent à exprimer de beaux sentiments, comme des Girondins, et ne savent pas agir. Je ne vois nulle part des Mirabeau, des Danton, des Carnot.

Quoique je n’aie pas mission pour approximer le moins du monde l’économie politique, je note le fait suivant :

Une maison de commerce vient d’acheter d’avance une certaine chose appartenant au gouvernement papal, laquelle je ne puis autrement désigner. Elle a payé un million trois cent mille francs. C’est au fond un emprunt que vient de faire le gouvernement papal de Bologne ; mais, le curieux, c’est l’histoire de cet emprunt : cela vaut mieux qu’une anecdote galante. Cinq ou six vieux personnages ont été gagnés, non par leurs maîtresses en titre, mais par de jeunes personnes qui, on l’aurait juré, ne leur avaient pas parlé quatre fois en leur vie. La finesse des banquiers a tout découvert. C’est à M. Gherardi que je dois tous ces détails fort comiques pour moi, parce que je connais les acteurs ; la comédie est toute faite, et une belle comédie en cinq actes, pleine de caractères non dessinés jusqu’ici et sans amour fade. Il ne manque plus qu’un poëte pour oser