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jamais l’auteur ne cherche à amuser le lecteur.

Par le conseil de M. Izimbardi, j’ai acheté cent cinquante volumes d’historiens italiens du moyen âge ; j’ai adopté trois guides pour me conduire dans ce labyrinthe ; l’histoire de Pignotti qui, à propos de la Toscane, est obligé de parler de toute l’Italie ; Pietro Verri, et enfin, pour la partie dogmatique de l’histoire des papes, l’Esprit de l’Église, de M. de Potter. Les jours de pluie ou de luna (spleen), je lis une période de quarante ou cinquante ans, suivant les événements, dans ces trois guides ; ensuite je cherche dans les cent cinquante volumes tout ce qui a rapport à cette période. C’est une occupation très attachante et qui fait bien contraste avec la vie tout en dehors d’un voyageur. J’ai abandonné Sismondi, comme ultra-libéral, et d’ailleurs ne voyant pas dans les incidents de l’histoire ce qui peint le cœur de l’homme ; c’est là, au contraire, tout ce qui m’intéresse. J’ai eu plus de peine à me détacher de Muratori ; mais enfin c’est un prêtre, et j’ai fait vœu de ne jamais croire un prêtre qui écrit l’histoire, de quelque religion qu’il fût. Par cette étude du moyen âge, chaque ville et presque chaque village où je passe devient intéressant. On a raconté toute la soirée, chez