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2o  sans patience, sans absence de colère, on ne peut s’appeler un politique. Napoléon était bien petit sous ce rapport, il avait assez de sang italien dans les veines pour voir les finesses, mais il était incapable de s’en servir. Il manquait d’une autre qualité principale du politique : il ne savait pas saisir l’occasion qui souvent n’existe que pendant quelques heures. Par exemple, pourquoi, en 1809, ne pas donner le royaume de Hongrie à l’archiduc Charles, et en 1813 dix millions à M. de Metternich ? Cette vie de monsignore Codronchi qui, depuis trente ans, est archevêque de Ravennes, rappellerait les meilleurs portraits du duc de Saint-Simon, si l’auteur cherchait le moins du monde l’épigramme. Loin de là, il ne montre pas plus de haine pour le vice que de penchant pour la vertu. Dans cet écrit, il n’y a rien de mis pour l’effet, mais il n’y a rien à rabattre ; c’est un miroir. Il n’y a d’épigramme que dans l’idée d’écrire de tels détails. Si jamais on imprime l’épisode Malvasia, le monde sera étonné[1] ; la lecture de cette vie fatigue ;

  1. Je n’ai manqué à ma parole que pour le seul lord Byron. Dans la chaleur de la discussion et pour lui prouver une théorie morale, j’eus la folie de raconter cet épisode à ce grand poëte. Il me jura qu’il le mettrait en vers : je ne l’ai point trouvé dans Don Juan. Monsignore Codronchi, homme supérieur, vient de mourir en 1826.