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donner des soufflets, se disaient-ils entre eux, au moins, c’est ce que me raconte le capitaine Radichi. Depuis, Napoléon est venu repétrir tous ces caractères, et l’officier milanais, se battant à Raab ou en Espagne, a été brave comme l’officier de Bergame ou de Reggio[1]. Chez le simple soldat italien, le courage militaire est un accès de colère, plutôt que le désir de briller au yeux de ses camarades, et une pique d’amour-propre. Jamais l’on n’entend de plaisanteries sur le champ de bataille.

7 janvier. — Un de mes nouveaux amis me rencontrant un de ces soirs, me dit : « Allez-vous quelquefois, après dîner, chez la D*** ? — Non. — Vous faites mal ; il faut y aller à six heures : qualche volla si busca una tassa di caffé (quelquefois on y accroche une tasse de café). Ce mot m’a fait rire pendant trois jours. Ensuite, pour mortifier mon étrangeté, je me suis mis à aller fréquemment après dîner chez madame D*** ; et, dans le fait, souvent, par ce moyen, j’ai épargné les vingt centimes que coûte une tasse de café. Hier, chez cette dame, on vint à discourir de la finesse des prêtres. Je parlai à mon tour ; je plaidais le faux pour savoir le vrai, et disais

  1. Le général Bertoletti, si brave, est, je crois, de Milan. Pino a été aussi brave que Lecchi ou Zucchi.