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tient à la bonté du légat ; s’il a pour successeur un ultra, en six mois de temps ce pays peut devenir abominable et fort ennuyeux. Je trouve que l’on n’y adore pas assez le cardinal Consalvi et le bon pape Pie VII, qui s’occupe de beaux-arts et de nommer des évêques. Je soutiens des thèses en faveur de ce souverain, ce qui n’est pas sans danger : c’est un étranger libéral qui a peuplé les cachots de Mantoue. L’Italien, si méfiant individuellement, pousse la confiance jusqu’à la duperie dès qu’il complote : société des Régénérateurs en Suisse, sous le ministère de M. Pasquier.

6 janvier. — Le ton vantard et gascon qui, dans les armées de Napoléon, était si utile, et s’appelait la blague, a peu gâté les officiers italiens. Le jeune et beau capitaine Radichi est aussi simple, aussi naturel dans ses façons, que si de sa vie il n’eût appliqué un coup de sabre, ni mérité une croix. Ce n’est que bien rarement que l’on entrevoit que, si on le fâche, il se fâchera ; cette simplicité de si bon goût, ce me semble, me rappelle le brave commodore américain Moris. Je m’accoste volontiers du capitaine Radichi ; et il voit tout le plaisir qu’il me cause quand il veut bien me faire une histoire. Hier soir, à deux heures du matin, en nous retirant, il me dit :