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sensation du beau vous y arrive par bouffées de tous les côtés[1]. Il y a deux vers de Properce que j’ai oublié de citer, en parlant des amours italiens :

Heu ! malè nunc artes miseras hæc secula tractant,
Jam tener assuevit munera velle puer.

Mais dans quel pays ne peut-on pas les répéter ? L’amour physique conduit à la cruelle vérité qu’ils rappellent, et c’est l’amour-passion qui en éloigne. Il faut deux ou trois ans aux dames italiennes pour s’apercevoir qu’un très-beau garçon peut n’être qu’un sot, comme ce n’est qu’au bout de deux ou trois ans qu’un homme d’esprit qui se met mal et remue gauchement peut passer à Paris pour n’ètre pas un sot.

Toute la vivacité spirituelle de Bologne

  1. Je voudrais que l’on pût n’imprimer que pour quarante personnes ; mais comment les deviner ? Madame Roland ne passait peut-être que pour une pédante aux yeux de ses amies, qu’elle choquait par ses sentiments. Le malheur, c’est que l’on connaît fort bien les personnes de qui l’on voudrait ne pas être lu ; et comme on redoute pour ses sentiments l’ironie qui les gâte, des êtres placés à l’autre extrémité de l’échelle morale ont pourtant de l’influence sur nous. Que dis-je ? le dégoût qu’ils inspirent porte quelquefois à un ton tranchant et dur qui peut choquer les âmes délicates. C’est ainsi que les flatteries de si mauvais goût sur l’honneur national, qu’on lit tous les matins, entraînent quelquefois à énoncer durement les désavantages de la France.