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sot. Je ne parle pas des curés de campagne que la bonne compagnie enivre par plaisanterie, et encore plusieurs ont-ils le plus rare talent pour prendre des grives au rocolo. C’est un des plus vifs plaisirs de la Lombardie. Les dames raffolent des uzei colla polenta. On prend au filet, à la fin de l’automne, une immense quantité de petits oiseaux (uzei) qu’on sert en rôti sur une pâte jaune faite au moment même avec de la farine de maïs et de l’eau chaude. Cette polenta est pendant toute l’année la nourriture du paysan lombard. J’ai passé les plus agréables matinées au rocolo de M. Cavaletti, à Monticello, avec trois prêtres. Cet air délicieux du matin donne un accès de joie animale. Le soir, les délices et la joie du souper avec les ucceletti, la polenta et l’entrain général, semblent reculer les bornes de l’existence du côté des plaisirs si vifs de la bête. Je voudrais voir un méthodiste anglais transporté au milieu d’une telle ivresse ; il éclaterait en injures ou irait se pendre (Voir Eustace parlant de la joie italienne). La bonhomie allemande ou suisse s’en accommode très-bien ; plusieurs des symphonies d’Haydn peignent ce genre de bonheur. Si j’avais le talent de madame Radcliffe, quelle description je, ferais de Monticello ! (près de Monte-Vecchia, au nord de Monza). La