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Je m’aperçois, en cherchant une date dans mon journal, un jour de pluie, que si les lettres que j’adresse à mes amis pour n’en pas être oublié, tombent dans les mains de quelques-uns de ces hommes à esprit sec, racorni, appris par cœur, les héros du bégueulisme, je leur ferai, à mon grand regret, un extrême plaisir. En aidant un peu à la lettre, on peut conclure de ce que j’ai dit, que tous les Italiens sont gens d’esprit, à l’exception des abbés.

Rien n’est plus loin de la vérité. De Bologne au fond de la Calabre, c’est au contraire l’homme d’esprit de la famille que l’on fait prêtre ; car enfin quel bonheur d’avoir un pape ! Et Sixte-Quint commença par être gardeur de cochons. De droit, le frère du pape est prince, et son neveu ! On a l’exemple du duc Braschi.

Le fait est que je n’ai recherché l’amitié et parlé que des personnes qui m’ont plu. Mais il n’y a peut-être pas de pays au monde où les sots soient aussi bruts et aussi malappris. Les coups de bâton ne les corrigent point ; car la douleur physique d’un coup de bâton n’est pas bien forte.

Les sots anglais sont peut-être les moins à charge de tous ; mais dans le pays du naturel, et où le savoir-vivre n’impose pas