Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieux disait que chacun de nous connaît ses traits et non pas sa physionomie.

Monsignore F*** me disait ce soir : « Je ne sais pas si les Gaules ou les Espagnes ont été aussi malheureuses sous Néron que la Lombardie sous François d’Autriche. Bel exemple, qui montre le ridicule des vertus domestiques dans un roi, surtout quand les journaux salariés veulent nous les donner en échange des vertus de son métier ! Ah ! Dieu nous accorde un Napoléon, quand il devrait chaque mois se donner le plaisir de trancher la tête lui-même à deux ou trois de ses courtisans ! »

Monsignore F*** me dit : « Quand je ne les vois pas, ma misanthropie s’exagère la méchanceté des hommes ; j’ai besoin d’avoir un logement sur la rue et non pas sur un jardin. » Il me dit : « Dans mon désespoir de rien trouver qui vaille, je me laisse donner mes amis par le hasard. »

Monsignore F*** me prête la fort curieuse histoire des Conclaves, par Gregorio Leti. Des notes marginales, écrites en encre jaune, il y a plus de cent ans, apprennent que Gregorio n’a pas osé raconter tous les bons tours où le poison a joué un rôle. Ce sont les conclaves peints en beau, comme Voltaire a vu le siècle de Louis XIV, en niant l’empoisonnement de Madame.