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du désir de faire parler questo forestiere (cet étranger), que je voyais dans leurs yeux. M. Izimbardi m’avait dit : « À Rome et à Bologne, avant d’avoir l’air de regarder une jolie femme, faites pendant huit jours une cour assidue à son amant, feignez ensuite de ne faire attention à elle qu’à cause de lui. Pour peu que l’amant soit sot et vous adroit, il y sera pris. Si l’amant et sa maîtresse vous adressent la parole en même temps, n’ayez l’air d’avoir entendu que l’homme. Un regard vous excusera auprès de la femme qui vous saura gré de cette attention, pour peu qu’elle vous trouve aimable. Parlez toujours de votre départ comme beaucoup plus prochain qu’il ne le sera en effet. »

Je n’ai pas manqué de raconter mes meilleures anecdotes sur Napoléon (encore intéressantes en 1817) aux amis des trois femmes dont la beauté céleste m’avait frappé. J’aime à les regarder comme je regarderais un diamant d’un million : certes je n’ai nulle idée de le posséder jamais ; mais cette vue fait plaisir aux yeux.

J’ai raconté mes anecdotes à ces messieurs fort clairement et de manière à ce qu’ils pussent s’en faire honneur avec le reste de la société. Loin de nuire au débit de mon amabilité, cette précaution m’a