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ce genre en fera un être grossier pour le Français du faubourg Saint-Germain. Ceci sera peut-être moins vrai dans dix ans ; en France, les manières, comme le style, marchent vers la rapidité.

L’extrême méfiance, que rendent indispensable les espions et les petits tyrans à la Philippe II, qui, depuis l’an 1530, foulent ce pays, fait que tout effarouche l’Italien. Si la moindre chose le contrarie, fût-ce la présence d’un petit chien qu’il n’aime pas, il ne sort point d’un silence morne et sévère, et ses yeux qu’il ne peut contenir, semblent vous dévorer. Ainsi jamais d’agrément, de laisser-aller, de joie avec des inconnus ; jamais de véritable société qu’avec des amis de dix ans. Un mot dur adressé à un Italien lui donne de la retenue pour un an. Il suffit d’une plaisanterie sur une femme ou un tableau qu’il aime ; il vous dira du plaisant : E un porco ! Il songe à la douleur que lui a faite la plaisanterie.

Qu’est-ce qu’un Français avait à craindre au monde sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI ? En cherchant bien, on répond : De se trouver en contact au spectacle avec un grand seigneur[1].

  1. Correspondance de Grimm, janvier 1783. « M. le comte de Chabriant, capitaine en survivance des gardes de Monsieur, piqué de ne plus trouver de place au balcon, le jour de