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travail anglais, et vous lui ravissez la moitié de son bonheur.

Ce qu’il y a de pis, c’est que, comme fort peu d’Italiens savent bien le français ou du moins comprennent nos manières, la moindre tournure polie qui chez nous d’abord est indispensable et d’ailleurs ne veut rien dire, lui semble de l’affectation française et l’impatiente. Dans ce cas, un Italien, qui va peut-être jusqu’à redouter le mépris, parce qu’il ne peut pas vous payer de la même monnaie, vous sourit de mauvaise grâce, et de sa vie ne vous adresse la parole.

L’affectation est si mortelle pour qui l’emploie dans la société de ce pays, qu’à son retour en France, un de mes amis qui avait passé dix ans en Italie, se surprenait à commettre cent petites irrégularités : par exemple, passer toujours le premier à une porte plutôt que de se livrer à de vaines cérémonies qui retardent le passage de tous ; à table, se servir sans façon et passer le plat ; promenant avec deux amis, ne parler qu’à celui qui vous amuse ce jour-là, etc.

Tout ce qui se dit en France pour offrir ou accepter une aile de faisan paraît une peine inutile à un Italien, une véritable seccatura. En revanche, transportez-le à Paris, l’absence de cent petites choses de