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chez jamais à faire de l’esprit et à tenter le cliquetis spirituel d’un dialogue brillant et à demi littéraire ; enfin, si, dès l’abord, vous ne vous portez pas pour amoureux de la plus jolie femme du salon, le peu de bienveillance réelle avec lequel on vous a reçu à la première visite, augmentera tous les jours et fort rapidement ; car, enfin, vous êtes un animal curieux, vous venez de Paris. Mais n’oubliez jamais que l’esprit qui amuse un Français incommode un Italien. Peut-être, il y a cinquante ans, méprisait-on l’esprit ; aujourd’hui, la honte de ne pas savoir y répondre tire violemment ces gens-ci de la douce rêverie sur les impressions de leur cœur qui, chez la plupart, est un état habituel. Il faut de plus être fidèle à de certaines convenances exprimées par les regards. L’audace qui porte à brusquer ces convenances passe ici pour la grossièreté la plus impardonnable. Il faut savoir qu’en Italie un paysan observe presque aussi finement qu’un marquis les convenances qui se lisent dans les yeux ; c’est une sorte d’instinct parmi ces hommes nés pour le beau et pour l’amour, et je n’en parle que parce que j’ai vu y manquer grossièrement.

Si vous parlez la langue en usage dans le pays, si sincèrement vous cherchez à vous faire petit, au bout de quinze jours,