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l’on vous fait le sacrifice pénible de quitter l’aimable intimité de la société habituelle, ou la douce rêverie d’un cœur mélancolique, ou des travaux suivis avec passion. La peine et l’ennui de vous recevoir et de vous dire quelques mots sont frappants ; le manque d’aisance et la contrainte se trahissent clairement non moins que l’extrême soulagement que vous causez en vous levant pour sortir. Les voyageurs accoutumés aux formes séduisantes de la société de Paris et à qui la nature a refusé l’amour du nouveau, sortent outrés, après de telles visites. Ce qu’on y éprouve n’est assurément pas fort gracieux ; mais l’on voyage pour trouver du neuf et voir les hommes tels qu’ils sont. Si l’on ne veut que des surfaces polies et toujours les mêmes, pourquoi quitter le boulevard de Gand ? D’un autre côté, tous ces mouvements que vous observez à votre entrée dans le salon d’une femme italienne ne sont pas éternellement les mêmes, comme en Hollande, et peuvent changer en mieux dès la seconde ou la troisième visite ; mais il faut avoir le courage de la faire. Si vous cherchez de bonne foi à ne pas répondre avant que la demande soit finie, si vous essayez de modérer la furia francese, si, lorsqu’on vous en prie bien fort, et seulement alors, vous faites des contes amusants, si vous ne cher-