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Les épithètes en issimo, telles que veneratissimo, illustrissimo, etc., sont dues par tout livre imprimé en Italie, d’abord aux magistrats, petits ou grands, gouvernant le pays où le livre s’imprime, ensuite à tous les souverains faisant actuellement le bonheur de quelque partie de l’Europe, ou qui, depuis moins de cent ans, sont allés au ciel pour recevoir la récompense de leurs vertus. (Voir l’Histoire de Milan, par Pietro Verri.) L’absence de ces issimo-là passe encore dans beaucoup de sociétés, pour une hostilité déplacée et de mauvais goût ; c’est un peu comme si, dans votre lettre de ce matin, vous n’aviez trouvé que les mots je vous salue avant la signature.

L’issimo, tel que vastissimo, mirabilissimo, est encore dû aux palais, jardins, tableaux, etc., de tout noble habitant à cinquante lieues à la ronde du pays où le livre paraît. La maison de tout noble s’appelle palazzo. Tout docteur est chiarissimo, ou du moins egregio. Dans un pays où fleurit l’amour de la vengeance, pourquoi un pauvre diable d’auteur déjà mal vu par le pouvoir, par cela seul qu’il imprime, chercherait-il de nouveaux ennemis ? Marivaux était l’ennemi de Marmontel, parce que, en citant une de ses chansons, celui-ci avait oublié un o ; Marmontel