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appartement tendu en tapisseries des Gobelins. »

— Je sors de l’atelier d’un peintre auquel j’ai présenté des Anglais. Trois jeunes femmes italiennes se trouvaient chez le peintre ; elles ont consenti à ce qu’il levât la toile verte qui couvrait un tableau à la vérité peu décent. Malheureusement ce tableau a fait sourire les Italiennes au lieu de les indigner. L’indignation a été pour un des Anglais qui, en sortant, nous a dit avoir physiquement mal au cœur. — Me croyez-vous assez fou pour blâmer un être de ce qu’il sent ainsi ? Je me borne à noter des faits. Si monsieur votre oncle voit ma lettre, il dira que je protège les assassins de la Romagne qui se défont des podestats trop coquins. — La pudeur est la mère de la plus belle passion du cœur humain, l’amour.

3 janvier. — Ce matin vous avez reçu une lettre ; elle finit par votre très-humble et très-obéissant serviteur. Vous avez regardé ces mots sans les lire ; ils ne vous ont nullement donné l’idée que la personne qui écrit vous offrît de battre votre habit ou de cirer vos bottes. C’est pourtant ce qu’y verrait un Persan, un bramine, sachant peu la langue et pas du tout les manières françaises.